A l'ouest rien de nouveau

Un lourd soleil règne sur le ciel d’azur.
La poussière s’élève du chemin que piétine le faucon péligrine.
L’antre vibre au son des nombreuses discussions qui explosent les tympans de son tavernier : Jack.
Dans la cour les serres de la monture s’immobilise enfin. Du bec, il chasse quelques parasites errant sur les plumes de son dos. Du bec ou croupion, il se secoue frénétiquement pour finir de se débarrasser des sédiments récolté durant son périple.
Majestueuse monture, symbole de la puissance et de la beauté du peuple qui a fait de son élevage un art…. (Hey Hey Hey Ho, l’auteur, ce n’est pas la grosse dinde que tu dois présenter, c’est le truc qui est au dessus… non pas la selle…voilà, elle…).
Une petite silhouette se laisse tomber au bas de l’animal. Petite forme recouverte d’un long manteau de cuir huilé brun. Cheveux blond vénitien encerclés par un vieux stetson râpé et usé. D’une main, elle porte à ses lèvres un petit rouleau de tabac, de l’autre, elle actionne son briquet à silex qui éclaire un court instant son visage couvert de sueur et de crasse.
Coup d’œil circulaire à la bâtisse.
Elle se retourne vers sa majestueuse et élancée monture qui… (Wow…On ne s’égare pas. Tss tss) et desserre la lanière de sa selle. Un coup de main sur la croupe de sa fidèle Luzula et l’animal, comme déjà chez lui, va se parquer dans l’enclos de l’écurie. Renforcée par la présence de sa selle sur l’épaule droite et son paquetage sur l’épaule gauche, elle ressemble plus maintenant à un petit orc qu’une fine jeune fille de Lune d’argent.
Au bruit, elle se dirige vers la salle commune des korrigans. Pousse la porte d’un coup de pieds énergique et… évite un tabouret qui a sans doute voulu aller prendre l’air.
Le chaos, la dévastation… les korrigans ˘échangent˘ leurs points de vue. Sujet : inconnu de la plupart, oublié pour les autres. En tout, cas çà a dégénéré. Les trolls montrent les dents, les elfes décochent leurs sempiternelles insultes. Les taurens tapent du sabot. Les orcs comptent les points. Les réprouvés regrettent leurs tombes… et Jack regarde stoïque en essuyant pour la énième fois de al journée son comptoir.
Elle, elle se fraye un chemin vers lui. Un coup d’épaule armé de sa selle à un paladin. Une esquive pour échapper à la chute d’une trolle furibonde. Elle finit par jeter sa selle sur un siège de comptoir. Pause son bardas à ses pieds et passe commande.
- Un kungaloosh, Jack.
Le gardien du temple verse avec élégance la boisson forte dans un de ses magnifiques verres ferrés d’argent.
- Hey ho, tu vas où avec la bouteille. Elle reste là avec moi.
- C’est vous qui voyez.
Il ne la regarde presque pas. Trop occupé à répertorier le mobilier qui plie sous les arguments de chacun. Elle ne se met à l’aise. Retire son manteau, libère ses cheveux et les laissent tomber sur ses épaules. Ses bras mis à nus laissent apparaitre des nuées de serpents tatoués sur leur intégralité. Elle écrase sa cigarette dans la paume de sa mitaine en cuir et entame la discussion.
- Comment tu vas mon pauvre vieux Jack ?
- Mmm ? Ah ? c’est toi gamine je t’avais pas reconnu avec ton déguisement. Bien merci.
- Pas trop pénible ta clientèle ?
- Quand c’est calme pour aujourd’hui, çà peut aller.
Une table explose sous d’un tauren déséquilibré. Les sourcils du tenancier se froncent en silence.
- et toi, ton entrainement ?
- Fini, et ce n’est pas trop tôt. Lourd les cours et je te parle pas des profs. Elle est là la vieille ?
- Non pas vu depuis trois quatre jours, mais tu la connais, elle ne tient pas en place.
- Mouais, je vois. Parait qu’il y a un nouveau tôlier ? Il est là ?
- Oui, un paladin du nom Sæths, tu ne dois pas connaitre. Et non, il n’est pas là pour le moment, mais j’espère qu’il ne va pas tarder.
- Non çà me dit rien… bizarre comme nom. C’est le septième fils du septième fils ?
- Mmm ?
Haussement d’épaule, le brouhaha reprend son attention. Elle toussote pour s’éclaircir la voix. Le bonhomme baisse son regard sur elle, un air interrogateur sur le visage.
- TOURNEE GENERALE !!!
Impressionnant qu’une si petite cage thoracique puisse produire un si grand bruit.
Le silence... enfin
Puis quelques remarques fusent à demi-mot. Les verres se remplissent. La pression chute. Les sourires font leur réapparition sur la plupart des visages. Jack, le dernier verre servi, décoche un clin d’œil à la tatouée. Elle lui répond de même.
- tu peux me rendre service Jack ?
- Bien sûr gamine.
- Dis au roi que je le convoque dans ma chambre dès qu’il est de retour, j’ai à lui parler.
Sur ces dernières paroles, elle se penche en avant pour lui embrasser la joue, se laisse tomber de sa chaise et reprend son équipement et se dirige vers les escaliers menant aux chambres. Décochant au passage un salut au prêtre troll Kilic en pinçant son chapeau entre deux doigts.

Dans sa chambre, l'elfe se met à l'aise.
fini le transport de sa lourde selle.
fini le paquetage sur le dos.
Tomber la veste et le couvre chef crasseux.
Préparez un bain rénovateur.

Soudain la porte s'ouvre, le roi pénètre dans la chambre et est accueilli comme il se doit.

- tu fous quoi là, dans ma piaule le vieux !!!

Chacun eut put s'offusquer d'un tel accueil, mais l'elfette était si mignonne que Sæths n'eut comme réponse qu'un large sourire. Ayant toujours préféré les femmes de caractère aux bobonnes timides et effacées.

Il contempla une seconde ses beaux yeux courroucés et jugea bon de se présenter puisque la petite ne semblait pas avoir remarquée la couronne qui flottait au dessus de sa tête.

"Jeune demoiselle, je me nomme Sæths et permettez moi de vous retourner la question quand à votre identité. Vous semblez familière des lieux et de ses occupants, pourtant je ne vous connais point. Je n'oublie jamais un joli visage et celui que je vois m'est malheureusement inconnu."

Le régent afficha un sourire charmeur s'attendant à une autre tempête de l'elfette...

Kilic tourne en rond dans l'antre, il attend un retour de ses services de renseignements....

Un petit troll arrive discrètement et fait signe au prêtre de s'approcher. Lequel s'exécute rapidement.

Niarwf...wien...inexistante...

Kilic ouvra grand ses yeux et réfléchit.

Cette elfette ne vit nulle pawt....Nulle twace d'elle...


Kilic se décida à monter, doucement pour ne pas se faire repérer et tendit son oreille.

Sa voix....Je connais cette personne....
Ha mais c'est bien sur....

D'un œil, elle scruta la stature du bellâtre qui obstruait la porte de sa chambre. Elle marqua un temps d'arret sur la couronne.
Puis ne put contenir un sourire.
Puis un rire.
- j'y crois pas... le chef des korrigans répond aux convocations des inconnues maintenant... c'est pas plutôt à toi de claquer des ordres dans le coin?
tu devrais prendre un peu d'assurance pépère... du moins, si tu veux rester roi.
les mains sur les hanches, l'adolescente se planta devant le paladin et figea son regard d'ambre dans le sien.
- Moi, c'est Ambrozia Automne-Sanglant

Sæths ne peut réprimer un sourire, tout à fait séduit par la réponse que lui avait balancée la gamine.

"Enchanté piquante demoiselle, j'avoue avoir été étonné de voir une inconnue trouver ses marques si facilement ici. Et... ne vous préoccupez donc pas de ma régence ici.
J'aimerai plus savoir ce qui vous amène, mis à part cette délicieuse effronterie... L'antre déborde un peu en ce moment et je crains qu'il n'y ait assez de place pour mes Korrigans et votre ego..."

Sæths s'adossa nonchalamment contre le mur de la porte et glissa ses mains dans ses poches.

-Ce que je fais ici? Ah oui, j'avais oublié, ma mère m'a donné un...
Se penchant sur son sac, l'elfe farfouille, cherche. finie enfin par se relever enfin tenant un parchemin froissé, plié et jauni par le temps.
-Voilà ma lettre de recommandation, signée de maitre Volgur, maitre Tjaden, Darsh et ... s'en oublier ici la griffe de Thallen et celle d'Elian... Je dois d'après ma mère parachever mon entrainement auprès de vos maitres pretres... Je leur souhaite bien du courage. D'autres questions ou vous comptez partager mon bain?

Sæths se saisit de la lettre, soufflé par une telle recommandation... Rien de moins que tous les fondateurs... Pas d'imitation, c'était bien cela. La petite freluquette deviendrait donc une Korrigane...

"Bien, je... Je vous ferais porter un tabard."

Sæths sortit de la pièce, soufflé et agacé qu'on lui force ainsi la main.

Un freluquet entre dans la pièce, sans frapper. La referme doucement et la vérouille.
Le jeune n’a pas l’air d’avoir 20 ans.
Il se saisit d’un siège, le retourne et s’assoit, se retrouvant dos au bain. Calme et posé son visage contraste avec l’énergie de chacun de ses gestes. De longs cheveux blancs tombent en cascade sur ses épaules, aucun autre trait particulier ne le distingue de la masse laborieuse croisée en ville. Vêtements fonctionnels et simples, sans ostentation. Personne pour tout le monde. Il est même probable qu’aucun ne l’est remarqué de la journée.
«_ On m’a dit que tu viendrais. Fais ce que tu as à faire, je ne regarde pas. Je m’appelle Artyom pour les autres, petit fils de Shola, le reste des miens sont morts ou considérés comme tel. Tu as du en croiser quelques uns.»
Le jeune sourit en sortant une petite boîte de derrière son dos, tout en parlant, en deux temps trois mouvements, déplie une structure fine mais robuste, tend des cordes. Un instrument plutôt grand considéré l’endroit ou il était dissimulé. Quelques notes graciles et il est accordé. Une musique lancinante et fragile à l’image d’un souffle s’élève et couvre bientôt ses propres paroles. La symphonie légère évoque le désert, le vent et la joie.
«_ J’ai observé ton manège en bas *sourit de plus belle* et avec le roi, si j’avais des doutes quant à ta propre famille je n’en ai plus! Tu sais y faire avec les gens, tu lui ressembles, navré de te le dire mais elle doit être fière. Je ne te demanderais donc pas tes projets vis à vis de la guilde, ça me paraît évident. Bref, je suis venu en ami, je ne sais pas faire grand chose à part attirer les coups et encaisser, mais mon bouclier est à toi Ambre. Aussi longtemps que tu me tiendras en vie.»
Sans arrêter de jouer, celui que l’on appelle Artyom se lève, du pied retourne le siège pour enfin s’asseoir sur le dossier, les pieds sur l’assise. Face au bain, sans aucune gêne scrute les tatouages courant sur les bras de la jeune femme maintenant presque totalement immergée.
«_Je viens de l’orphelinat de Shattrath, quand j’ai eu l’âge de m’enrôler dans les cadets de la garde on m’a redonné les affaires abandonnées avec moi. Un tabard, une lettre et un sac, le tout venant de mon père. Les couleurs indiquaient Les Korrigans, la note mentionnait le lieu précis de l’antre. Voilà comment je suis arrivé ici, le ventre vide et exténué, sans éducation autre que celle de la rue ou de la milice quand elle m’attrapait. On est bien tu verras, la rigueur militaire ici comme tu as vu c’est pas tout à fait ça. Le roi est un homme juste et bon, quelqu’un de coeur, même s’il est trop m’as tu vu, un peu coureur, il fait mieux que ce qu’il peut pour son statut. Le seigneur Killic est de la même trempe, malin mais filou il est toujours là dans les pires moments, même s’il s’en défend il est adorable avec les jeunes. Ça râle, ça braille mais plus pour la forme, pour l’un comme pour l’autre. Ce ne sont pas Thallen ou Elian, avec eux on ne risque pas d’y laisser un bras.»
Le cadet, intarissable, explique la vie quotidienne, les corvées même s’il est le seul à les faire avec Jack. Décris les lieux, les commodités de rangement, d’accès, les horaires des rondes et des repas. Parle des gens, des animaux qui peuplent le fortin, sans oublier un rapide tour d’horizon de la région. Soudain le garçon s’arrête au milieu d’une phrase, sourit.
«_ Je suis content de ne plus être le seul.»
Artyom se lève et toujours sans s’arrêter de jouer va s’asseoir à la fenêtre fermée. Aussi silencieux maintenant que volubile l’instant précédent.
La musique emplit la pièce.

L'elfette sourit tout en poursuivant sa toilette et lorsque la voix du jeune homme s'arrête.
En écho à la musique délicate, la voix de la jeune prêtresse s'élève à son tour dans la pièce.
Doux chant venu des contrées arides.
Joyeux et aériens les sons plus que des mots emplissent la pièce d'une atmosphère feutrée et familiale.

Sæths, de retour dans son bureau entendit la mélopée lui parvenir aux oreilles, et bien qu'il eusse put être séduit par ce chant harmonieux, cela l'empêchait de se mettre à son ouvrage.

"M'agacent ces deux la !! Ca s'installe, ça s'présente pas ! Et ca fous l'bordel en plus !!"

Un large sourire renaît sur le visage du jeune homme. Le chant l’a sorti de sa rêverie.

Avec application il suit les inflexions de la voix, soulignant quand il faut les notes les plus suaves de quelques notes légères. A l’unisson se dessine dans l’air un paysage commun, des visages et des souvenirs. Tout un monde, une chanson.

Sans s’arrêter un instant et pour donner de l’élan à la mélodie il descend de son rebord de fenêtre, de la main non directrice de la paume ouverte frappe doucement le bois, un rythme fort, entraînant. La poussant toujours plus loin dans le chant. Puis emporté, se joint en coeur malicieux, répétant les mots les plus forts d’une octave plus basse, de plus en plus en vite.

Quand enfin hors d’haleine Artyom abandonne la fin à la seule voix chaude d’Ambrozia, il éclate d’un rire joyeux.

«_Wahou, dis donc on m’avait vanté tes talents mais là franchement je suis soufflé! J’en ai mal aux mains. Impressionnant, je suis très jaloux pour le coup, c’est pas juste un don pareil. Je suis même pas sûr de couvrir ta voix en tapant mon casque sur mon bouclier!»

Le jeune homme la regarde, tout sourire avant d’annoncer en dévérouillant la porte:

«_Tu sais ce qu’on dit, vaut mieux des remords que des regrets, sèches toi je vais les chercher!»